Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Antre des mots
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 145 009
23 décembre 2009

Des Hommes de Laurent Mauvignier

Des_hommes

Ils ont été appelés en Algérie au moment des "événements", en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d'autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d'une journée d’anniversaire en hiver, d'un cadeau qui tient dans la poche, pour que, quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

Mon avis...
La guerre ne laisse jamais en paix ..."Je voudrais savoir si l'on peut commencer à vivre quand on sait que c'est trop tard" (p.281).
Laurent Mauvignier est un grand Auteur tant la force de la tragédie frappe et bouscule. Sa plume voluptueuse et singulière vous envoûte dès les premières pages. La construction de ce récit est finement élaborée et donne d'autant plus de puissance à l'Histoire. Laurent Mauvignier choisit de débuter l'intrigue lors d'une fête de famille ... véritable catalyseur qui fera ressurgir le passé douloureux de trois hommes appelés en Algérie. Ce roman ne laisse pas indemne, l'intensité des confidences heurte et interroge.

"Plus le temps passe, plus il se répète, sans pouvoir se raisonner, que lui, s'il était Algérien, sans doute il serait fellaga. Il ne sait pas pourquoi il a cette idée, qu'il veut chasser très vite, dès qu'il pense au corps du médecin dans la poussière. Quels sont les hommes qui peuvent faire ça. Pas des hommes qui font ça. Et pourtant. Des hommes. Il se dit pourtant parfois que lui ce serait un fellaga. Parce que les paysans qui ne peuvent pas travailler leur terre. Parce que la pauvreté. Même si certains lui disent qu'on est là pour eux. On vient donner la paix et la civilisation. Oui. (...)"

"Des hommes" s'attache à "comprendre, une fois que c'est arrivé, comment cela modifie, et en quoi, celui qui porte la trace de ce passage au monde" (Laurent Mauvignier, magazine Page, septembre 2009, p.46).

Ingrid

Publicité
Commentaires
A
J’ai été bouleversée par ce livre marqué par la souffrance de ces hommes qui ont vécu « ces évènements » et vu des choses tellement atroces que les mots deviennent impuissants. Inutile de formuler pour exprimer, les autres (ceux qui n’ont rien vu des exactions) ne peuvent pas comprendre à tel point c’était horrible, voire, ils ne les croiraient pas. Alors, ils ont un remède, le silence et la solitude. Mais, rien ne saura jamais les soigner. Je vous livre un passage qui montre à tel point la douleur du passé hante toute la vie : « Et comme un con, moi, à soixante-deux ans, comme un gosse, j’ai eu peur du noir, il m’a fallu allumer, me redresser et me relever et sortir de la chambre, passer de l’eau sur mon visage, se rafraîchir, oui, se rafraîchir la mémoire aussi alors qu’enfin on voudrait juste que la mémoire nous foute la paix et qu’elle nous laisse dormir ».<br /> L’écriture de Mauvignier est particulière, elle donne un rythme qui contribue à nous noyer dans cette torpeur, cette atmosphère pesante d’un livre qui nous marquera, nous aussi, pendant longtemps, si ce n’est toute notre vie...
B
Les portes et la guerre font partie des noeuds qui longent le fil conducteur de ma vie. Et comme je suis celle qui les supporte, inutile de préciser pourquoi je transcris cela dans mon précédent commentaire en "fautes".<br /> Ce n'est pas pour me justifier, mais égoîstement pour ne plus y penser.
B
stigmates de guerre transmis de génération en génération par la douleur de celui qui les portes, de ceux qui les supporte. Si "Des hommes" s'attache à "comprendre..." c'est parcequ'il touche nos coeurs saignants et jamais apaisés par les tourments de la question : "Quels sont les hommes qui peuvent faire ça ?" et l'écho brûlant de la réponse : "Des Hommes".<br /> Merci Ingrid.
L'Antre des mots
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité