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L'Antre des mots
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16 octobre 2012

Quelques heures de printemps de Stéphane BRIZE

quelques heures de printemps_affiche

Avec Vincent LindonHélène VincentEmmanuelle Seigner 

Synopsis

A 48 ans, Alain Evrard est obligé de retourner habiter chez sa mère. Cohabitation forcée qui fait ressurgir toute la violence de leur relation passée. Il découvre alors que sa mère est condamnée par la maladie. Dans ces derniers mois de vie, seront-ils enfin capables de faire un pas l'un vers l'autre ?

Mon avis :

Le sujet est grave bien sûr mais il permet de porter un regard sur un problème de société. Le législateur français refuse d’autoriser le suicide assisté alors que dans d’autres pays, il est pratiqué en toute légalité. Des familles sont ainsi contraintes à passer la frontière pour faire appliquer l’une de leurs dernières volontés, notamment en Suisse.

Personnellement, je pense que ce type de film peut faire évoluer la conscience collective, qui plus est avec le talent de Stéphane Brizé.  Dans l’exemple qu’il a décidé de mettre en lumière, il n’y a aucune ambiguïté, cette femme a décidé de fuir les soins palliatifs et de partir dignement, elle y a beaucoup réfléchi, elle est saine d’esprit et a pris cette décision en toute connaissance de cause. Elle a pris cette décision, peut-être la seule de sa vie d’ailleurs, et elle la mène à bien. Il s’agit d’une famille socialement plutôt populaire, il n’y a pas d’affaire d’argent. Il n’y a qu’un seul fils, et bien que vivant dans la précarité, aucune allusion n’est faite à un quelconque héritage. Bref, le sujet y est épuré et mérite que chacun s’en préoccupe.

Le réalisateur l’aborde avec beaucoup de pudeur aussi : une femme digne, qui pleure loin des yeux de tous, dont on peut supposer que la vie a été difficile. A la question : « Madame, avez-vous eu une belle vie ? », elle répond : « C’est ma vie ».

Ce film est bouleversant. J’ai été marquée par l’omniprésence du silence, il est impossible pour ces deux êtres de communiquer, aucun échange sur des banalités, alors, comment imaginer aborder des sujets aussi profonds que la fin de vie. Et lorsque mère et fils osent s’adresser la parole, les propos sont marqués par l’agressivité et la violence, une violence terrifiante… Quand le vocabulaire est réduit, la carence est comblée par le ton de la voix et des mots dénués de toute sensibilité. Rappelons la mère vit ses derniers jours, de quoi méditer… Ce qui m’a beaucoup touchée aussi, c’est l’absence de chaleur humaine, l’absence totale de marques d’affection, les êtres ne se touchent ni ne se frôlent. Jamais les corps ne s’effleurent. Enfin, c’est la solitude des personnes âgées qui m’a beaucoup affectée. Avec pour seul compagnon, la télévision, la vie de ces êtres ne se résume quasiment plus qu’aux repas. Nous pouvons facilement imaginer que cette femme ne trouve malheureusement plus de sens à sa vie et qu’elle décide, de surcroît, avec une maladie irréversible, d’y mettre fin.

Mais il y a quelque chose de magnifique dans ce film, la musique. Après quelques recherches, j’ai découvert qu’il s’agit en réalité d’une reprise de la musique de « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford », western sorti en 2007, vous l’avez vu ? Le piano de Nick Cave et le violon de Warren Ellis sont absolument transcendants. Et pour vous permettre d’en profiter, voici le lien pour écouter « Rather lovely thing », voire l’album dans son intégralité : http://www.deezer.com/fr/album/319585

C’est sans compter également sur le talent des 2 comédiens, Vincent Lindon et Hélève Vincent, époustouflants. N’oublions pas, non plus, de saluer la prestation d’Emmanuelle Seigner qui fait prendre conscience du décalage entre ceux qui parlent et les autres. Bien que brève, elle donne du poids aux non-dits et à leurs conséquences sur la compréhension mutuelle.

quelques heures de printemps

C’est un film à voir absolument.

Annie

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Commentaires
M
un film violent sur la difficulté extrême, parfois, de dire à ses proches qu'on les aime. Je remercie Annie pour la référence du morceau de musique... que je cherchais. Quant au choix du suicide assisté, c'est discutable car comme le fait remarquer le médecin traitant dans le film, des équipes médicales, bien formées et compétentes, aident aussi à mourir.
B
Un film fort et d'une justesse impressionnante, le jeu des deux acteurs principaux y contribuent largement. Merci pour cette musique que je réécoute volontiers et ressuscite ainsi l'émotion que j'ai éprouvée pendant le film.
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