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L'Antre des mots
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9 avril 2010

La chambre solitaire de SHIN Kyung-sook (Corée du Sud)

Il est des  livres dont la mélancolie imprègne toutes les pages. "la chambre solitaire" de SHIN kyung-sook est de ceux-là. Son  caractère largement autobiographique donne encore plus de relief à ce vague à l'âme, parfois proche du désespoir, qui habite l'auteure dans la narration de trois années de sa vie, de 16 à 19 ans où, quittant sa campagne natale pour Séoul, elle va faire le dur apprentissage de la condition ouvrière. L'année 1979 marque le début de cette narration. la Corée du Sud est sous la dictature de Park Chung-hee. Le pays se construit en misant sur la production de masse destinée à l'exportation et  réalisée par une main-d'oeuvre jeune "moteur de l'industrie" qui paie un lourd tribut à cette industrialisation naissante. Les journées sont harassantes, le travail posté, répétitif,  impose des cadences infernales. Ces horaires de travail se doublent, pour celles qui aspirent à s'extraire de cette condition ouvrière, de cours du soir de niveau lycée. Les cadres des ateliers exercent leur tyranie sans retenue, répriment sévèrement tout manquement au réglement et dissuadent fortement l'adhésion au syndicat. Les salaires permettent à peine de survivre et la faim creuse les estomacs. La vie hors de l'usine n'apporte aucun soulagement. Les conditions matérielles sont d'une telle précarité que ces jeunes sont obligés de se serrer dans une unique chambre (la "chambre solitaire") où cohabite souvent une nombreuse fratrie. Comment échapper à la morosité du quotidien ? par l'amitié qui donne des éclats de bonheur et par le rêve !... que chacune de ces jeunes filles caresse mais qui se brise très souvent les laissant dans une profonde détresse. Le rêve de la narratrice, c'est de devenir écrivain. Sa ténacité, son intelligence et le soutien de son frère aîné vont lui permettre d'intégrer l'université et de donner "corps" à ce rêve. Pourtant, elle restera à jamais marquée par cette période si douloureuse de sa vie et cherchera à l'enfouir en son coeur . Ce n'est que vingt ans plus tard qu'elle pourra faire un retour sur son passé par la médiation de l'écriture et donner à tous ceux qui ont peiné avec elle "une place digne en ce monde".

C'est un livre qui restitue avec un réalisme, parfois teinté de lyrisme, la vie de ces jeunes, sacrifiés par un régime.On est frappé par leur courage et la fraîcheur de leurs espoirs aux antipodes de leur quotidien marqué par la privation, le manque, la servitude. L'auteur a réussi à échapper à un destin que beaucoup d'autres ont subi... mais le souvenir de la souffrance de ces trois années garde pour elle une telle  "actualité" qu'elle ne peut  connaître d'apaisement ni de vrai bonheur.

C'est un livre beau et fort, un moment de lecture chargé d'émotions et de gravité.

Annie du B

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Commentaires
B
La sympathie pour cette jeune fille est immédiate. Elle se teinte rapidement d’estime et de tendresse ; c’est donc avec émotion que j’ai suivi les pérégrinations de son âme. La délicatesse et la force du propos, l’habile spontanéité de la construction du roman révèlent une œuvre mature. Pourquoi « Aurore boréale », me direz-vous. Titre inspiré par la citation de Jean Grenier placée en exergue du premier chapitre : « il existe dans toute vie et particulièrement à son aurore un instant qui décide de tout ». Celui-ci image pour moi la fascinante formation de l’Homme aux prises avec «le mouvement de particules électrisées dans un champ magnétique » jusqu’à atteindre l’ineffable point de non retour. Quel spectacle !...<br /> « On a vu pendant la nuit,…, une lumière se répandre dans le ciel, de sorte qu’une espèce de jour remplaçait les ténèbres. » (Pline l’Ancien sur les aurores boréales).
B
Le débat n'a pas été stérile.<br /> Métacommunication réussie semble-t-il.<br /> Joyeuses fêtes.
B
Le débat n'a pas été stérile.<br /> Métacommunication réussie.<br /> Joyeuses fêtes.
S
Amusante leçon d'humilité, me taxer de prétentieux et me demander par la suite de faire silence. Silence, c'est bien ce que je comptais faire puisque, comme dit précédemment, je pense ce débat stérile. Il oppose différentes façon de lire et d'aborder une œuvre. Mais il est difficile de se laisser parler ainsi. Maladroit surement, prétentieux, je ne crois pas. <br /> Bref, un débat aussi complexe que celui du fond et de la forme ne peut avoir lieu ici. Ne mélangez pas l'animosité que vous ressentez à mon égard avec votre argumentation sur le fond et la forme, ça n'a pour moi pas de sens, tout comme citer d'Alembert hors contexte.<br /> C'est cette fois ci la dernière que je poste en réponse à cet article. Une dernière fois, mon but n'est pas de dénigrer, simplement d'apporter un avis (différent?).
B
L’expression « bouffer un bouquin » m’a personnellement choquée car il s’agit bien d’un procès d’intention et c’est votre style, shepppmonk, qui trahit le fond de votre pensée. Forme et fond sont donc bien indissociables. Ce qui me déplait dans le cas présent c’est bien le fond traduit par votre style. Est-ce une erreur de style ou une prétentieuse pensée ? <br /> Dans l’affirmative à cette deuxième question il est grand temps que vous fassiez silence afin de laver l’affront que vous avez fait à tous les lecteurs.<br /> L’intérêt, c’est que je n’ai pas lu ce roman, actuellement sur ma table de chevet. Cela me permet de me distancier. <br /> « Le sublime se traduit toujours, presque jamais le style » Citation de Jean le Rond d’Alembert. A méditer.<br /> Brigitte.
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