Le cercle du Karma de Kunzang CHODEN

Tsomo, fille aînée d’une fratrie, vit au Bhoutan, là où les femmes n’ont pas accès à l’instruction, espace réservé de la gente masculine. Dans son pays, les droits, comme les devoirs des femmes, reposent sur l’apprentissage de la cuisine et du tissage. Les femmes doivent procréer, s’occuper de leurs enfants et de leur mari. Mais Tsomo n’est pas une jeune fille comme les autres. Frustrée de ne pouvoir apprendre à lire et à écrire, elle profite du 1^er anniversaire de la mort de sa mère, décédée alors qu’elle allait donner naissance à son treizième enfant, pour se rendre dans un temple à 3 jours de marche y faire ses offrandes. Ce pèlerinage sera le premier d’une longue série. Elle fera alors la connaissance de Wangchem qui bouleversera sa vie, et quelle vie ! Une vie marquée par la douleur, le deuil, l’adultère… N’en pouvant plus, Tsomo décide de quitter définitivement sa famille et de suivre sa voie, en direction de Kalimpong en Inde et jusqu’à Bodh Gaya, haut lieu du boudhisme.

Ce roman magnifique présente la condition des femmes, bhoutanaises, tibétaines, népalaises, indiennes, toutes aussi opprimées par manque d’instruction. Elle n’ont d’autre choix que de se soumettre. L’une d’entre elles dit : «　Tsomo, nous sommes des femmes, différentes des hommes. Nous devons être moins ambitieuses, plus soumises. Nous ne sommes pas comme eux.　»

Privées de cette instruction, les filles ne peuvent par conséquent pas accéder non plus à la méditation, lot commun de ceux qui savent lire les prières. Mais, Tsomo, particulièrement motivée, réussira à espionner son frère et ainsi apprendre les textes sacrés.

Le poids de la religion prend dans ce livre une dimension toute particulière. Les grossesses, les maladies, les décès comme les bienfaits de la vie ne sont liés qu’au karma. Le karma est la somme de ce qu’un individu a fait, est en train de faire et fera. La religion reposant sur le concept de la réincarnation, les effets de ces actes karmiques se répercutent sur les différentes vies d’un individu. Cette société vit au rythme des rites religieux et des offrandes.

Tsomo réalise un parcours initiatique et mystique que nous relate l’auteure de ce très beau livre. Quel chemin parcouru pour accéder à la paix intérieure !

Annie

Comments

[mjo]

Ce beau roman m'a appris que "la seule relation qui ne change pas est la relation qu'on entretient avec soi-même".