Où on va, papa ? de Jean-Louis FOURNIER
" Un père d'enfant handicapé doit avoir une tête d'enterrement. Il doit porter sa croix, avec un masque de douleur. Pas question de mettre un nez rouge pour faire rire. Il n'a plus le droit de rire, ce serait du plus parfait mauvais goût. Quand il a deux enfants handicapés, c'est multiplié par deux, il doit avoir l'air deux fois plus malheureux."
Gérard Collard, le libraire déjanté, ne s'était pas trompé en disant que ce livre était un des livres majeurs de la rentrée 2008 !
L'auteur nous relate son histoire, celle d'un père de deux enfants handicapés, "ses deux petites mioches". Loin de tomber dans le pathétique et d'attirer la pitié du lecteur, l'auteur, à travers les brèves anecdotes qui constituent le bouquin, nous confessent les situations embarrassantes dans lesquelles ses deux garçons l'ont mis, de la réaction gênée de son entourage quant à la naissance des deux enfants et de ses pensées "monstrueuses" qui surgissent dans son esprit, ses regrets.
L'auteur bouscule les conventions et s'autorise à dire beaucoup de choses sur la relation qu'un père peut entretenir avec ses fils handicapés. L'ironie, l'humour noir et le cynisme ponctuent tout son roman. Il nous livre un témoignage fort, empreint de vérité et touchant. Le second degré est parfois de mise...
Quelques petites perles :
"Il y a ceux qui disent : "L'enfant handicapé est un cadeau du Ciel." Et ils ne le disent pas pour rire. Ce sont rarement des gens qui ont eu des enfants handicapés. Quand on reçoit ce cadeau, on a envie de dire au Ciel : Oh ! fallait pas..."
"Comme Cyrano de Bergerac qui choisissait de se moquer lui-même de son nez, je me moque moi-même de mes enfants. C'est mon privilège de père."
"La nature m'a donné le rôle-titre du père admirable. Est-ce que j'ai le phyique du rôle ? Est-ce que je vais être admirable ?"
"Quand on me demande dans la rue un don pour les enfants handicapés, je refuse. Je n'ose pas dire que j'ai deux enfants handicapés, on va croire que je blague. L'air dégagé et souriant, je m'offre le luxe de dire : "Les enfants handicapés, j'ai déjà donné.""
Caro