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L'Antre des mots
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5 janvier 2012

Une femme fuyant l'annonce David Grossman

Une femme fuyant l’annonce

                                                            David Grossman                                                         Seuil , Août 2011

Le titre : il ressemble au titre d’un tableau et  c’est effectivement un tableau qui se déroule devant nous : celui d’un groupe de personnes liées par le sang, l’amour, la guerre et ce , durant plusieurs périodes : la guerre des 6 jours en 1967 et l’époque contemporaine du conflit opposant  Israël aux Palestiniens.

 

Dans un premier temps  , il faut accepter de ne pas comprendre grand-chose aux personnages : Ora, Avram et Ilan et aux événements dans les premières pages qui évoquent  1967, la guerre des 6 jours  pendant lesquels ces trois jeunes gens nouent une relation à la « Jules et Jim »

 p 19  La première phrase du texte :

« Hé toi la fille, tu vas te taire ! »

 Cette injonction s’adresse à Ora qui crie dans son cauchemar…

Parler incessamment, c’est ce que va faire Ora dans la partie qui suit le prologue de 1967 et s’inscrit dans l’année 2000 : temps qui aurait dû être celui d’une randonnée avec son fils, Ofer, mais qui est celui de sa fuite dans la Galilée où elle devait marcher avec lui.

Son fils cadet s’est engagé volontairement dans une expédition militaire alors qu’il venait de finir son service militaire. Cette randonnée qu’il annule, Ora va la faire plutôt que d’attendre « l’annonce de  la mort de son fils » lors de cette expédition dangereuse.

Elle entraîne avec elle Avram .  Son mari Ilan et son fils aîné Adam sont partis aux Etats-Unis ; prenant de la distance avec elle.

Lors de cette marche forcée elle va « raconter » Ofer à Avram dont on comprend qu’il est le père naturel  de ce jeune homme qu’il n’a pas élevé et qu’Ilan-en toute connaissance- a adopté comme son fils.

On comprend qu’Ora à l’époque de la guerre des 6 jours –en toute innocence-, a tiré au sort dans un chapeau, celui qui devait participer lors de la guerre des 6 jours à une mission extrêmement périlleuse (c’est Avram qui a été désigné) p 259 et on découvre le passé atroce de prisonnier d’Avram lors de la guerre des 6 jours et l’état dans lequel cette détention et les tortures subies l’ont laissé : p 155

On discerne ce que furent les liens amoureux entre Ora et les deux hommes, l’amitié exceptionnelle qui liait Avram et Ilan ; comme celle qui unit les deux fils d’Ora : Adam et Ofer . on voit comment cette narration est une renaissance entre Ora et Ofer………….

Tout réside en fait dans la puissance de narration : narrer Ofer à Avram, c’est le faire exister et éloigner la mort, de même lorsque la focalisation épouse le point de vue omniscient et qu’on revient à cette période troublée où Avram, blessé va tomber aux mains des Egyptiens ( récit réalisé par Ilan à Ora, la veille de la naissance d’Ofer ) ce sont par  les paroles délirantes  d’Avram captées par Ilan sur un poste radio de l’armée que nous en avons connaissance……..

Ce roman qui nous « précipite » au sens chimique dans la guerre au Moyen-Orient  est d’autant plus émouvant que l’auteur l’a écrit alors que son  propre fils était à l’armée, ce dernier en a lu les ébauches avant de mourir au combat …

David Grossman a fini son livre : l’annonce qu’il (elle) redoutait a eu lieu ; il n’a pas fui mais écrit, peut-être la seule façon de vivre son deuil………

Anne

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Commentaires
M
J'en attendais beaucoup de ce récit, peut être trop ...Quoi qu'il en soit la magie n'a pas opérée avec moi, j'ai trouvé le récit trop lent, trop répétitif sans moments forts ni variation de rythme ...bref, il m'a un peu ennuyée !!
A
Construit comme une confession de cette femme à l'un de ses deux amours, elle tente notamment tout au long de ce périple de permettre à Avram "d'adopter" son fils : « Il l’écoute vraiment, s’avise Ora. Une fois encore, au fond de son cœur, elle l’a toujours su : il ne pourrait ou n’oserait jamais établir un contact direct avec Ofer, mais avec l’histoire de la vie d’Ofer, peut-être que si ». 1er roman de l'année très beau, très intime, où la tension est prégnante, le rythme lent décuple les effets sur le lecteur. Formidablement écrit par un homme en usant de la voix d'une femme.
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