Grâce et dénuement de Alice FERNEY
J’ai été totalement subjuguée par la qualité d’écriture de Alice FERNEY, je viens de lire un nouveau roman « Grâce et dénuement », et là, quelle surprise, l’objet de ce livre n’est absolument pas comparable aux autres. Elle s’attache cette fois à présenter l’univers des gitans et le choc des cultures. Résumé : Dans un camp en banlieue, serré entre les terrains vagues, les logements sociaux et la décharge, une famille de gitans s'est sédentarisée. Il y a Angéline, la doyenne, ses fils, ses belles-filles et ses petits-enfants. Ils vivent de presque rien, sans papiers, sans travail, sans eau courante, sans essence, à l'écart d'une société qui menace en dépit des lois de les expulser. Un jour, ils voient débarquer Esther, une gadjé, bibliothécaire, qui veut «lire des livres à ces enfants qui n'en ont pas». Les gitans l'accueillent avec méfiance, mais comme les enfants prennent plaisir à écouter ses histoires, ils finissent par l'adopter. Tous les mercredis, elle vient passer un moment avec eux. Après la lecture, elle prend un café avec les femmes. Malgré sa douceur et sa discrétion, elle reste en décalage: ses bonnes intentions et sa culture s'adaptent mal au mode de vie des gitans. Mon avis : Ce roman est particulièrement touchant par le poids des traditions dans la vie de cette communauté, la vieille Angeline, veuve et doyenne du clan, y joue le rôle de père de famille, ce qui lui vaut le respect de tous. C’est aussi tout leur mode de vie qui est passé au peigne fin dans ce roman, les relations hommes/femmes, parents/enfants sont contraintes par l’exiguïté des caravanes. Ils vivent dehors, par tous les temps, et partagent tous ensemble des moments qui nécessiteraient un peu plus d’intimité. Alice FERNEY y dévoile toute la difficulté qu’a cette communauté à s’intégrer dans la société, elle vit dans les lieux où personne d’autre n’accepterait de vivre, elle est sale, elle vit sans papier, elle fait peur… et rencontre de l’hostilité lorsque les enfants sont scolarisés. Mais quelle leçon d’humanité nous donne cette Esther, tout comme la propriétaire du terrain d’ailleurs qui acceptera, jusqu’à sa mort, de laisser ces gens occuper son terrain sans rien leur demander. Ce roman est également merveilleux parce qu’il montre, une nouvelle fois, le pouvoir de la lecture sur les êtres, qu’ils soient instruits ou non, tous se laissent captiver à l’écoute d’une histoire qui leur est contée. Bon moment de lecture Annie