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L'Antre des mots
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26 juin 2009

La route de Tassiga de Antoine PIAZZA

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Livre sélectionné dans le cadre du prix 2009 des lecteurs Angevins, des Inter-CE, et des Lycéens

Résumé :

En 1980, le narrateur est engagé, dans le cadre du service national, comme instituteur par une grande entreprise de travaux publics. Il est envoyé à Tassiga, une petite ville africaine perdue dans la brousse où la Compagnie est chargée de construire une route de 160 kilomètres, financée par la Banque mondiale. L’encadrement et les ouvriers spécialisés sont des expatriés, venus pour la plupart avec leurs familles. Ils se sont souvent croisés sur d’autres chantiers, en France ou à l’étranger, partagent des souvenirs communs mais aussi des rivalités professionnelles, des histoires de femme. Tassiga est une cage étouffante, avec son air brûlant, ses blattes énormes, ses nuits noires… Le narrateur est le seul à ne pas être « un homme des TP ». On le loge à la maison des célibataires, avec d’autres comme lui, alors que la Compagnie a loué pour les familles les plus belles villas du quartier européen, organise leur ravitaillement et la scolarité des enfants. Son statut particulier en fait un témoin acéré de cette communauté blanche, de la transformation de Tassiga par la présence des Français, de l’ennui des femmes, des samedis soir avinés.

Mon avis :

J’ai bien aimé ce livre qui m’a notamment permis d’apprendre à connaître la hiérarchie des T.P. (travaux publics), un peu à l’image d’une ruche, chacun y a son rôle, son grade, avec la reine (lire ici le Directeur du Chantier) qui décide du rythme du travail en fonction de ses objectifs à lui ; véritable despote, les employés craignent ses changements d‘humeur.

Antoine PIAZZA décrit parfaitement le choc des cultures entre les expatriés français et les Nigériens, la naïveté des premiers générant des dégâts majeurs sur la vie des seconds.

L’auteur est connu pour ses immersions, et j’ai apprécié la mise en valeur de ces peuples de la nature notamment dans le cadre de ce passage, ils sont habitués à trouver des solutions techniques avec ce qu’ils ont à leur disposition, eux qui ne bénéficient pas des progrès techniques :

« Aussi, demanda-t-il à ses mécanos de réparer désormais tous les véhicules avec les moyens du bord et si les expatriés… firent du bon boulot, les mécanos locaux firent des prodiges. Eux seuls savaient remplacer une courroie défaillante par une corde, une Durit par une pièce découpée dans un vieux pneu ».

Et puis, il y aura la fin de ce chantier pharaonique avec ses 160 kilomètres de goudron et le retour des hommes auprès de Dame Nature, je vous livre un autre passage qui, me semble-t-il, représente bien les 2 modes de vie de ces hommes :

« Pendant des mois, les hommes avaient poussé devant eux une route qui les éloignait de leur village, ils avaient subi la tyrannie médiocre de Français fatigués et craintifs ou celle d’un camarade à qui on avait donné une paie supérieure à la leur. Pour eux, le chantier était désormais une plaie bien refermée, une couture en travers de la brousse. Ce n’étaient plus les hommes qui gouvernaient leur vie mais les saisons, les pluies violentes et capricieuses… ».

Vous l'aurez compris, ce monde appartient aux hommes, et là peu importent leurs origines, ils se côtoient, travaillent ensemble, les femmes n'ayant qu'une toute petite place. Mais, reconnaissons-le, le monde des T.P. reste encore aujourd'hui "leur" domaine d'activité.

Annie

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