Le boulevard périphérique - Henry Bauchau
Le boulevard périphérique – Henry Bauchau
(…) Nous avons eu de l’amour la plus belle partie, ses approches, ses surprises, ses découvertes. Stéphane sans doute ne désirait rien d’autre. Il avait bien saisi dans quels conflits m’aurait plongé un amour qui aurait tenté de se réaliser. » Tout commence par l’amitié entre deux garçons. En montagne, Stéphane apprend le dépassement de soi au narrateur. Léger et aérien, rien ne semble pouvoir l’atteindre. Mais l’insouciance s’efface bientôt devant la guerre. Stéphane prend le maquis et entre dans la clandestinité, le narrateur cache des résistants. Ils ne se reverront plus. Le narrateur se souvient de son ami, tué dans des circonstances mystérieuses par un officier nazi et retrouvé noyé dans un étang, des blessures de balles aux pieds. Sa mort énigmatique - Stéphane redoutait l’eau - l’accompagne chaque jour sur le boulevard périphérique dont il affronte les encombrements pour se rendre au chevet de sa belle-fille Paule, qui se bat à l’hôpital contre un cancer. « J’ai envie d’un autre monde où il n’y aurait plus cette folie mécanique, ces murs, ce ciel toujours emprisonné qu’on ne voit qu’en lambeaux, mais ce monde est le nôtre, celui que nous avons voulu. » Ballotté entre les vivants et les morts, obsédé par quelque chose qu’il n’a pas vécu et qu’il est en train de vivre aujourd’hui, le narrateur s’interroge sur le sens de la vie et sa propre vieillesse. Entre gravité et légèreté, construction audacieuse et grande liberté de ton, Le Boulevard périphérique est le roman le plus abouti de son auteur.
Mon Avis :
Etrange et habile récit qui mêle différents personnages par la voix, les états d’âme et la réflexion de son auteur. Une dimension temporelle importante où des époques s’entrecroisent pour ne retenir que l’essentielle constance d’un questionnement sur la vie et son ombre mortelle. Peut-on en sortir ? Ne peut-on pas tourner en rond tout un temps sur notre « boulevard périphérique » avant d’en trouver la sortie ? L’écoute attentive et l’analyse des trois personnages principaux par le narrateur nourrissent ses interrogations et du même fait ses doutes. Des réponses ? S’il y en a, c’est-à-vous de les trouver au fur et à mesure que le temps viendra distiller les pistes de travail tracées par H. Bauchau.
Un livre qui compte.
Brigitte