Katiba de Jean-Christophe RUFIN
Rédiger un billet sur le dernier roman de Jean-Christophe RUFIN se révèle un exercice particulièrement difficile pour une inconditionnelle de cet écrivain. Ne pas en dire assez risquerait celles et ceux qui ne connaissent pas encore de fuir faute d‘intérêt, en dire trop reviendrait à dévoiler le mystère qui donne à ce roman toute sa puissance. Alors, je vais vous livrer un extrait de la quatrième de couverture pour vous dévoiler brièvement le contexte : « Quatre touristes occidentaux sont assassinés dans le Sahara. L’attaque est signée al-Quaida au Maghreb islamique, une organisation terroriste implantée dans les anciennes zones d’influence française d’Afrique de l’Ouest. Tout laisse à penser qu’elle veut aller beaucoup plus loin et rêve de frapper la France au cœur. L’évènement est présenté par les médias comme un fait divers tragique mais il met en alerte les services de renseignements de Washington aux Emirats, d’Alger à Paris. Au centre de leurs jeux complexes, Jasmine. Jeune fonctionnaire du Quai d’Orsay apparemment sans histoire, elle émerge peu à peu comme la pièce maîtresse d’une opération d’envergure inédite ». Ce que je peux vous dire, c’est que la qualité de la plume de Jean-Christophe RUFIN de l’Académie Française est toujours aussi soignée, qu’elle vous guide avec talent tout au long de ce roman parfois complexe (le sujet du terrorisme et l’imbrication des réseaux le justifient très largement) avec un nombre conséquent de personnages. Il s’agit, au gré des pages, de reconstituer le puzzle qui vous mènera tout droit au dénouement de l’affaire. Vous y (re)trouverez une référence à la médecine, son métier d’origine, un thème de société particulièrement prégnant depuis le 11 septembre avec la prolifération des fondamentalistes religieux prêts à tout pour devenir des martyres et la fragilité de l’ensemble de l’équilibre mondial. J’ai été troublée par le personnage de Jasmine que vous apprendrez à découvrir et à qui Jean-Christophe RUFIN dédie un proverbe sénégalais (petit clin au pays où il est actuellement ambassadeur de France) : « Un chien a beau avoir quatre pattes, il ne peut pas suivre deux chemins à la fois. » Vous l’aurez compris, entre deux mondes, son cœur balance ! Jean-Christophe RUFIN tient à préciser qu’il s’agit là d’une fiction pour laquelle certains faits réels ont pu être source d'inspiration. Voici d’ailleurs comment il décrit lui-même son rôle d'écrivain : « Un romancier ne peut ignorer ce qu’il doit au réel. Il observe, emmagasine les émotions, les images. Dans l’édifice qu’il construit, l’ordonnance est sa création, le ciment son travail, mais les pierres sont apportées par la vie. » Monsieur RUFIN, BRAVO pour ce nouveau chef d’œuvre. Un petit clin d’œil également à la personne qui m’a offert ce petit bijou et m’a permis de savourer ce merveilleux moment de lecture. J’ai adoré. Annie