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L'Antre des mots
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24 mars 2014

Le Chardonneret de Donna TARTT

le chardonneret

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Édith SOONCKINDT-BIELOK

Depuis quelques jours, plus d'articles sur le blog, et pour cause... j'étais accaparée par la lecture du tout dernier roman de Donna TARTT "Le Chardonneret". 787 pages au contenu dense, de quoi vous occuper quelques heures, mais quel plaisir...

La 4ème de couverture est très discrète sur le contenu de ce très beau roman, se résumant à quelques questions pour susciter les convoitses du lecture.

Je ne vais décemment pas vous laisser dans cette situation...

Theo est un jeune garçon de 13 ans. Ses parents sont séparés. Sa mère, avec qui il vit, est passionnée d'histoire de l'art. Pas étonnant donc qu'en attendant un rendez-vous fixé par le directeur de l'école de Theo pour mauvais comportement et par une pluie effroyable sa mère lui propose la visite d'un musée New Yorkais. Tout au long de leur déambulation, un homme âgé et une petite fille suivront leur parcours et les explications de la mère de Theo avec une attention non dissimulée. En fin de visite, la mère propose à Theo qu'il se rende à la boutique où elle le retrouvera. Et là, une importante explosion souffle l'ensemble du site. Theo survivra à l'explosion, sa mère non. Avant de quitter un univers dévasté par le plus grand des chaos, il repérera le vieil homme et l'accompagnera pour ses derniers instants. Avant de décéder, l'homme lui confie une bague qu'il lui demande de remettre à une adresse et l'incite à emmener avec lui un tableau, Le Chardonneret.

Je ne vous en dis pas plus !

Commence alors le parcours initiatique d'un jeune garçon privé de sa mère. Il est, dans un premier temps, accueilli par la famille d'un de ses copains d'école. Il sera ensuite emmené par son père dans le Kansas. Là, il se prendra d'amitié pour un garçon de son âge, Boris, avec qui il va découvrir l'autonomie (les 2 garçons sont livrés à eux-mêmes), l'alcool, la drogue, la sexualité...

Donna TARTT complète ce portrait caustique de la jeunesse américaine d'aujourd'hui avec le personnage du père au travers des jeux d'argent dans lesquels il sombre chaque jour un peu plus. Ce vice n'aura-t-il pas raison de Theo ?

Ce roman aborde également le sujet de la culpabilité. Comment Theo pourrait-il ne pas se considérer responsable de la mort de sa mère alors qu'elle est avait été contrainte de prendre une journée de congés pour aller à ce rendez-vous généré de son fait ? S'il n'avait pas fumé sur la cour de l'école, sa mère n'aurait pas été convoquée, elle aurait été à son travail et aurait ainsi échappé à cette explosion. Comment construire sa vie après un tel choc émotionnel et avec un tel poids sur les épaules ?

Heureusement, il n'y a pas que des "méchants" et Theo va faire la connaissance d'un homme formidable, Hobbie, l'associé du vieil homme, décédé au musée. C'est Hobbie qui ouvrira la porte et accueillera Theo à l'adresse indiquée. Cet homme est passionné par le travail du bois, il passe ses journées, seul, au sous-sol de la maison, à restaurer, poncer, cirer, des pièces que le vieil homme s'attachait à vendre dans la boutique aménagée au-dessus. C'est homme inspire le respect, il transmet à Theo des valeurs saines. Sa voix résonnera-t-elle suffisamment fort aux oreilles de Theo lors de situations risquées ?

L'auteure rend hommage à l'artisanat d'art avec la passion de Hobbie. Elle va plus loin encore. Elle fait sortir de l'ombre un peintre, Fabritius, oublié de tous. Elève de Rembrandt, maître de Vermeer, cet homme est mort dans l'explosion (l'écriture unit les deux destins !) de la poudrerie de Delft, située non loin de son atelier. De ce peintre du XVIIème siècle, seule une douzaine d'oeuvre lui a été attribuée, dont Le Chardonneret, ce tableautin à peine plus grand qu'un format A4. Donna TARTT lui rend hommage, ce roman est un très beau prétexte.

Il est des romans longs dans lesquels on apprécie de retrouver chaque jour les personnages. Le Chardonneret est assurément de ceux-là !

Annie

 

 

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Commentaires
J
Je viens de finir mon compte-rendu que j'ajoute au tien Annie ...enthousiasme partagé !<br /> <br /> Anne<br /> <br /> Le chardonneret<br /> <br /> Dona Tartt<br /> <br /> éditions Feux croisés 2014……787 pages à dévorer d’un trait !<br /> <br /> La première partie (sur cinq : une structure formellement tragique) porte en exergue une phrase d’Albert Camus « L’absurde ne délivre pas, il lie » ; la dernière, celle-ci « L’art et rien que l’art, nous avons l’art pour ne point mourir de la vérité » Niestzsche<br /> <br /> La trajectoire pour le jeune Théo Decker est alors tracée ; en effet, devenu lors d’un attentat dans un musée à New-York, orphelin et, par les circonstances même de son malheur, détenteur d’une œuvre majeure de la peinture du XVIIème siècle ; il va chercher tout le long de ce récit-qui n’est autre qu’une longue lettre adressée à sa mère disparue tragiquement-à cerner par la méticulosité des détails de sa vie, par l’analyse psychologique de ses dérives personnelles, les raisons qui le poussent à garder ce tableau dont la vue le ravit au mépris de la morale et de sa quiétude.<br /> <br /> C’est un récit picaresque que le narrateur conduit, à l’enfance privé de père, succède celle d’une immersion dans la société huppée de Manhattan, la famille Barbour, puis ; à son adolescence; celle de son père , minable joueur à Las Végas, enfin à son âge adulte, celle de son apprentissage de marchand d’art auprès de Hobie, restaurateur de génie et ami de celui qui-avant de mourir lui a confié le tableau peint par Fabritius, celui qu’on considère comme le maître de Vermeer. On peut penser que ce dernier joue le rôle paternel qui a manqué au jeune Théo.<br /> <br /> Deux compagnons et deux compagnes jouent des rôles contrastés, Boris, rencontré au Texas, lui fait connaître et les joies de l’amitié, mais aussi l’addiction aux drogues et le goût pour l’envers du décor. Auparavant le jeune surdoué de la famille Barbour, Andy, se révèlera un compagnon taciturne et sûr.<br /> <br /> Chacun d’eux disparaîtra temporairement ou définitivement de sa vie, occasionnant par la même de grands troubles émotionnels : ils sont l’un et l’autre les figures paroxystiques de Théo, mal aimés par leurs familles.<br /> <br /> Deux femmes vont également être aimées de Théo, Pippa, la petite fille rencontrée dans le musée de son enfance, fragilisée comme lui par cet événement, aimée passionnément lorsqu’il la retrouvera à l’âge adulte et Kitsey Barbour, sa fiancée qu’il devrait logiquement épouser si…..<br /> <br /> Chaque épisode de la vie de ce picaro contemporain est relatée avec un luxe de précisions qui fait de chaque scène un tableau vivant de la société américaine et de son impact sur la conscience du héros.<br /> <br /> C’est cette dimension proprement philosophique qui s’avère passionnante : cette question de la relation à l’art :<br /> <br /> «J’aimerais croire à une vérité au-delà de l’illusion, mais j’en suis venu à la conclusion qu’il n’y en a pas. Parce que, entre la vérité d’un côté et le point où l’esprit la heurte de l’autre, il y a une zone intermédiaire, un liseré irisé où la beauté vient au monde, où deux surfaces très différentes se mêlent en une masse indistincte pour offrir ce que n’offre pas la vie ; et c’est l’espace où tout l’art existe et toute la magie » déclare le narrateur au bout de sa quête.<br /> <br /> Anne Prono
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