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L'Antre des mots
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16 juillet 2012

Le cinquième fils d'Elie Wiesel

le cinquième fils

Je n’avais encore jamais lu d’œuvres d’Elie Wiesel, cet auteur de grands romans, juif, américain d’adoption. C’est désormais chose faite et je crois que je me souviendrais longtemps de cette plume singulière.

Le narrateur vit aux côtés de son père, un homme silencieux, torturé par le passé qu’il ne veut en rien dévoiler. Le fils en souffre, il souhaite « s’approcher » de son père pour mieux le comprendre. Il trouvera une écoute auprès des amis de son père qui lui relaterons sa vie : son mariage, sa convocation par le gouverneur militaire, un SS, sa désignation président du Conseil, instance mise en place par l’envahisseur avec laquelle des relations « privilégiées » seront entretenues, la suppression des biens de valeurs des juifs, l’organisation du travail, les premières disparitions de travailleurs, les premières découvertes macabres…

Fort de ces éléments du passé, et grâce à la lecture de lettres écrites par son père à l’attention d’un fils : « Ariel », le narrateur va réaliser des recherches qui le conduiront jusqu’au bourreau en personne, toujours vivant. Vengera-t-il son peuple ?

Je ne peux vous en dévoiler plus bien sûr.

C’est un roman, vous pouvez l’imaginer, où le poids du passé est bien présent, comme une chape de plomb impossible à soulever. L’auteur choisit un personnage muré dans le silence que rien ne pourrait faire céder, pas même les relations avec son fils, au risque de se priver de ce « rapprochement » que l’un et l’autre pourraient vivre. La douleur le tenaille encore, le lecteur le perçoit dans l’écriture d’Elie Wiesel.

Pour d’autres personnages, à l’image de l’auteur lui-même, il est important de dire, formuler, pour transmettre la mémoire du passé et permettre aux générations descendantes de prendre la mesure de l’innommable, quitte à mentir comme le disait Elie Wiesel lors d’un de ses passages à l’émission de la Grande Librairie de François Busnel : « chaque fois que j’utilise un mot, je me rends compte qu’il n’est pas à la hauteur de ce que je veux décrire. »

Le lecteur vit au rythme des découvertes du passé de la famille, totalement captivé par le destin des personnages dont au moins un a survécu puisque le père est toujours vivant, et aussi par l’intrigue mise en place autour de la volonté du fils de venger, ou non, l’ensemble du peuple juif pour toutes les douleurs, souffrances et persécutions subies. De l’histoire d’une famille, le lecteur passe à une réalité collective, celle de la grande Histoire.

Pour tout vous dire, une fois la première page lue, je n’ai pu le lâcher tellement l’écriture est puissante et le sujet intense.

Très beau roman qui date un peu maintenant (paru en 1983) d’Elie Wiesel, lauréat du Prix Nobel de la Paix (1986) et qui consacre une grande partie de sa vie à l’étude de la Shoah.

Peut-être avez-vous lu des œuvres plus récentes … ?

Annie

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