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L'Antre des mots
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28 juillet 2011

Vers l’autre été de Janet FRAME

vers l'autre été

L’Antre des Mots aime tout particulièrement Dominique MAINARD dont quelques uns de ces romans ont fait l’objet d’articles. Un lien unit Dominique MAINARD à Janet FRAME puisque la première a traduit une grande partie de l’œuvre de la seconde. Nous avions été sur ses traces il y a quelques temps.


Et là, en bibliothèque, je découvre « Vers l’autre été » de Janet FRAME, je ne pouvais passer à côté !


Grace Cleave, une écrivaine néo-zélandaise, vivant à Londres, passe un week-end chez des amis dans le nord de l’Angleterre. Au gré des conversations avec Philipp, Anne, son épouse, Sarah et Noël leurs deux enfants, Grace va laisser resurgir quelques souvenirs d’enfance et exprimer ses émotions.


La vie menée par Grace Cleave nous laisse à penser qu’il s’agit d’un récit autobiographique. De son vivant, Janet FRAME avait exprimé le souhait de le voir publier à titre posthume, de crainte qu’il ne devienne une preuve susceptible d’être utilisée contre elle par les psychiatres et autres médecins qui avaient misé sur un internement.


Et j’avoue que lors de certains passages, notamment lorsqu’elle se prend pour un oiseau migrateur, et la manière qu’elle a de l’exprimer finissent par nous faire douter entre la métaphore et la folie. Sa tante disait d’elle lorsqu’elle était petite et qu’elle voyait des scarabées sur les murs et au plafonds : « elle délire ». Il est vraisemblable qu’elle ait eu quelques moments dans sa vie où l’irrationnel prenait beaucoup de place.


C’est aussi un être torturé qui nous y est présenté, focalisé sur ses failles et faiblesses, au point de la faire sombrer dans le mutisme. Mieux valait se taire que d’exprimer des formulations qui pourraient être mal comprises de son entourage : « Elle s’égarait, à son habitude, dans le choix des mots à prononcer ; ou il y en avait trop par idée ou pas assez pour meubler l’idée en question ou alors dans les meubles de quelqu’un d’autre ; toujours les mêmes embrouillaminis et encombrements de mots. »


Peut-être en lien avec son éducation. Les souvenirs qui lui reviennent le sont pour la plupart en chansons et en poèmes, dans lesquels son père parlait de la guerre, sa mère parlait des catastrophes naturelles. Un univers particulièrement noir dans lequel les enfants ont été élevés avec la peur du « dehors ». 


Grace est tourmentée, le regard des autres l’effraie. Son manque de confiance explique son mot préféré : « oui ». Ainsi, inutile d’en dire plus et d’avoir à s’expliquer, d’avoir à contre-argumenter pour convaincre les autres. Là encore, peut-être une affaire d’éducation, à aucun moment elle n’avait entendu sa mère exprimer sa différence et son point de vue comme le fait Anne vis-à-vis de son mari.


Son oreiller, au coucher, est régulièrement imprégné de ses larmes, que de souffrance et de douleur.


Grace est sensible aussi. Elle s’émeut en écoutant de la musique classique, Bach en particulier.


Mais Grace apprécie la présence des livres. J’ai beaucoup aimé ce passage : « Dans cette maison, les livres n’avaient pas de frontière ; ils débordaient, ils inondaient. » C’est dans l’écrit qu’elle reprendra confiance et trouvera une libération.


Un livre qui nous en dit plus sur la personnalité de Janet FRAME, cette écrivaine pressentie à deux reprises pour le prix nobel de la littérature et décédée en 2004.


Annie

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