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L'Antre des mots
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29 mai 2011

Ce qu'aimer veut dire de Mathieu Lindon


Un beau titre, n’est-ce pas ? Et un récit autobiographique époustouflant !
L’auteur est le fils de Jérôme Lindon, directeur pendant 50 années des Editions de Minuit. Il a été l’éditeur, entre autres, de Margueritte Duras, Alain Robbe-Grillet, Pierre Bourdieu – qui a écrit « Ce que parler veut dire » -, Gilles Deleuze et Samuel Beckett, son grand ami de toujours. Il a aussi édité Hervé Guibert, très présent dans le récit, fauché par le sida et qui a écrit « A l’ami qui ne me sauva pas la vie ». Cet ami et amant, est précisément Michel Foucault, avec qui Mathieu Lindon noua une amitié pendant six ans, jusqu’à sa mort, du sida, en 1984, à 58 ans. Quand le célèbre penseur s’absente, il lui prêtera les clés de son somptueux appartement, Rue Vaugirard. Cet appartement joue un rôle crucial dans le récit car c’est là que Mathieu Lindon a fait l’apprentissage de la vie, de sa vie, peu banale : enfant très solitaire, il lit et relit, dans sa chambre exclusivement, quand il ne dîne pas avec les célèbres écrivains qui fréquentent assidûment la maison Lindon. De ce fait, il a toujours voulu devenir, lui aussi, un écrivain. Pas facile avec le métier de son père qui lui a imposé un pseudonyme pour la sortie, aux Editions de Minuit car il n'a trouvé aucun autre éditeur, de son premier roman, sulfureux et qui pouvait donc tâcher la réputation de sa famille.


« L’amitié de Michel Foucault est une des choses dont je suis le plus fier dans ma vie. ».


En effet, être l’ami de ce grand homme a eu du poids dans les relations de l’auteur avec son propre père et lui a permis de s’affirmer et de devenir lui-même. On ne connaît Michel Foucault qu’à travers ses écrits et dans ce livre, on apprend sa bienveillance et sa générosité, sans faille.


La trame du livre, surprenante au début, nous dévoile les relations qui se tissaient dans ce huis clos, rue Vaugirard, et dont les protagonistes, tous des intellectuels littéraires, tuaient le temps agréablement, dans le coin Mahler, shootés au LSD, en l’absence du propriétaire qui reprenait les clés sans un seul reproche alors qu’il aurait eu de bonnes raisons parfois.


Le style est riche et j’ai savouré les inventions linguistiques de l’auteur. Il reconnaît avoir été impudique dans ce récit, mais jamais indiscret. Je persiste : ce livre est remarquable !


Une amitié hors du commun et pour cause : « Ce qui plaisait à Michel dans une relation était sa singularité, et sa stratégie consistait à en soutenir l’originalité ».
mjo

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