Rides de Paco ROCA

« Rides », ça vous évoque quoi ? La vieillesse ! Et bien, vous avez raison, cette BD relate les journées de personnes âgées en structure, certaines vont bien mais accompagnent leur conjoint qui montrait des signes de faiblesse, d’autres commencent à perdre leurs facultés, d’autres encore sont totalement assistées, il s’agit de la grande dépendance.

Ernest arrive dans la structure, aussi intimidé qu’un petit garçon qui entre à l‘école maternelle. Il va être pris en main par Emile, un résident, qui va lui faire les présentations, non sans lui souffler quelques conseils avec une pointe d’humour. Tenez, je vous livre cette bulle : « Il va falloir oublier la politesse, sinon, vous allez passer la journée à écouter des histoires soporifiques dont la plus récente parle de la découverte du feu ». Pas facile de vivre dans le passé !

Emile, particulièrement lucide, voit bien qu’Emile présente les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer, mais personne ne veut être hébergé au 1er étage, l’étage où résident les personnes âgées qui ont perdu leur autonomie. Alors, Emile va essayer de « sauver » son nouvel ami. Dès le matin, il va s’en occuper pour qu’il soit bien habillé. « En regardant comment s’habille une personne âgée, tu te rends compte de son état mental ». Il va monter un projet totalement fou qui malheureusement, ne fera que ramener les 3 compères à la case départ. La vieillesse est irréversible, c’est bien le problème.

L’auteur de cette BD nous donne une petite explication sur la création de cette œuvre : « Il paraît que l’on est devenu vieux lorsqu’on se regarde dans un miroir et que l’on croit voir son père. Mon reflet commence à ressembler à mon père et mon père ressemble depuis quelques temps déjà à l’image que je garde de mon grand-père. Inévitablement, les parents de mes connaissances vivent aussi cette transformation. » C’est donc sur la base de ses relations et après quelques visites en structure qu’il s’est lancé dans la création de ce très bel album.

Le sujet est grave, empreint de douleur, de solitude, et l’appréhender avec la BD est une manière originale. Toutefois, Paco ROCA est pétri de bonnes intentions, il aime les gens et ça se voit, il nous dessine des personnages avec beaucoup de tendresse, d’humour, il utilise de la couleur… et c’est finalement très agréable de se fondre, le temps de la lecture, dans cet univers. 

Quelques dessins vous feront rire, d’autres peut-être pleurer, les prises de conscience sont au rendez-vous, je vous le garantis. Il suffit de regarder la page de couverture pour s'en convaincre.

A découvrir absolument !

Annie