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L'Antre des mots
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9 avril 2011

Les heures silencieuses de Gaëlle JOSSE

 les_heures_silencieuses

 

Certains livres choisis pour la seule beauté de leur titre peuvent être de vraies révélations. Il en est ainsi  « des heures silencieuses ».

En le lisant  on éprouve un sentiment de gratitude pour  l’auteur capable  de  provoquer en nous un tel enchantement.

Nous sommes à Delft en 1667 : Magdalena Van Beyeren, femme d’un riche armateur commence son journal qui couvre 15 journées, en évoquant le tableau (1) sur lequel elle a demandé au peintre  M. De Wite de la représenter de dos. Ses raisons, elle nous les confiera plus tard. C’est une mère de famille nombreuse, elle-même aînée d’une fratrie de 5 filles  ce qui lui a valu « l’honneur »  de tenir la place du fils manquant et de seconder son père  avec plaisir et fierté  dans l’organisation des tâches nécessaires à l’affrètement  des navires en commerce avec les comptoirs d’Asie et d’Afrique. Son mariage, bien que consenti,  avec Pieter l’oblige à accepter la position d’épouse, de femme d’intérieur, de mère de famille, renonçant ainsi à sa jeunesse pleine "d’aventures" aux côtés  de son père.  

Elle  confie à ce journal tout ce qu’elle ressent ou garde en elle : des mots qu’elle n’a jamais pu dire, des sentiments qu’elle n’a jamais pu avouer, des drames intimement vécus. C’est une femme de 36 ans sentant dans son corps les signes d’une maturité qui lui donne le sentiment que le meilleur de sa vie  est  derrière elle. C’est une femme inquiète aussi  pour ses enfants :  Catherina  belle et orgueilleuse, Elisabeth humble, à la voix céleste, Jan honnête et plein de bon sens, Samuel  passionné d’astronomie et  de mathématiques et  Frans enfin le « tout petit » qu’elle protège de peur qu’il ne soit emporté comme Gabriel dans sa toute jeunesse.

Les journées de Magdelena s’égrenent avec leurs joies ou  leurs peines,  les ombres ou les  lumières des souvenirs.

Ces écrits de l’hiver, ces aveux de Magdalena « il ne se trouve personne pour les entendre et le cœur s’étouffe à les contenir ». Ils sont faits sur le ton d’une sobriété et d’une douceur qui ne cachent pas cependant les feux ardents qui consument Magdalena, résignée en apparence par nécessité (son devoir de femme ).

C’est un livre remarquable, émouvant, bouleversant même, d’une très grande beauté. En le refermant on a le sentiment d’une harmonie, d’un accord parfait entre le thème et le style.

C’est le premier roman de Gaëlle Josse qui est connue pour sa poésie. Celle-ci parcourt  toutes les pages de son livre.

(1)   le tableau d'Emmanuel De Witte qui est représenté sur la couverture : « intérior with a woman at the virginal ».

 

Annie du B

 

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Commentaires
M
Les mots et les phrases coulent comme un filet de diamants purs ! Et la couverture un bel écrin que j’ai contemplé, scruté même, pendant, et après la lecture de ce beau roman d'un autre temps.
B
Un roman qui me laisse sans voix et m'apaise. Sublime.<br /> Merci Annie.
G
Bonjour,<br /> Je viens de découvrir par hasard votre beau blog et ce billet sur ce livre, dont je suis l'auteur. Beaucoup d'émotion en découvrant votre lecture sensible, et votre façon de de la faire partager. Quelle joie de se sentir aussi bien "lue" ! Merci à vous, je vais mettre un lien sur cette chronique à partir de la page d'accueil de mon blog.<br /> Bien à vous,<br /> GJ
A
Annie, tu nous livres là un bien bel article, nous n'allons pas pouvoir résister longtemps à sa lecture ! Merci à toi pour cette nouvelle référence.
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