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L'Antre des mots
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13 mars 2011

LA TENDRESSE DES LOUPS de Stef PENNEY

 

 

 

Dans les années 1850 un million et demi de personnes ont quitté leur pays natal avec l’espoir de trouver dans le Nouveau Monde une vie meilleure.  Ils se sont dispersés sur d’immenses territoires, et au prix d’un travail acharné,  ont entrepris de domestiquer ces terres qui sont  « un moyen lent mais infaillible de détruire sa santé, de se ruiner et de perdre courage ».

C’est à Dove River, en bordure de la baie géorgienne dans le grand nord canadien que quelques familles d’écossais  ont formé une petite communauté vivant de maigres cultures et du commerce des peaux.  Le vent, les interminables  hivers sont de   cruels compagnons mais la vie est malgré tout paisible dans cette communauté un peu repliée sur elle-même qui a préservé les us et coutumes du pays natal. 

Aussi la découverte du meurtre barbare  d’un français un peu marginal (« l’étranger ») secoue-t-elle ce petit village qui n’avait jusqu’alors jamais connu la violence.

Dans le même temps, disparaît Francis, jeune garçon, ami du français. Sa mère entreprend de le  retrouver   afin d’écarter les soupçons qui peuvent peser sur lui.

 Le cadre est posé et on va assister à une véritable traque suivant de multiples chemins afin de retrouver l’auteur du meurtre.

Ce livre  pourtant n’est  pas  un roman policier au sens propre du terme car finalement ce n’est pas la découverte du meurtrier qui importe le plus ; ce qui nous attache à ce roman est bien autre chose car il y a dans ce livre un véritable souffle épique qui nous entraîne dans des régions où la nature sauvage peut vous perdre, le froid  vous tuer, où la neige aveugle ceux qui « s’aventurent » et brouille les pistes, où les traces sont des indices que l’on suit mais que l’on laisse aussi  derrière soi, où les loups observent les hommes, où la tendresse peut naître dans les cœurs mais se taire. Ce livre nous entraîne aussi dans   les profondeurs de l’âme humaine au travers de portraits d’hommes et de femmes qui sont tous animés par  des mobiles différents, plus ou moins purs selon les personnages :  le pouvoir, la justice, l’amour, l’intérêt, la vérité, le devoir, la cupidité, la reconnaissance, la liberté…

 Le style fait alterner le point de vue  subjectif (le JE de Madame Ross, mère de Francis qui nous livre ses sentiments et pensées), et le point de vue  objectif ; la narration est alors centrée sur l’un ou l’autre des  personnages du roman. Cela fait progresser l’histoire en déplaçant les approches pour nous mener  vers le dénouement.

Stef Penney nous fait partager une magnifique aventure humaine   dans laquelle les personnages qui  s’affrontent dans un univers hostile, violent, découvrent leur vulnérabilité, leur faiblesse,   leur fragilité. Elle nous invite également à réfléchir sur les interrogations qui sont au cœur de chacun des hommes et sur le sens qu’ils donnent à leur vie. Elle sait par la qualité de son style et de différents modes narratifs créer une vraie  tension qui donne à ce roman toute sa force.

« La tendresse des loups » est un roman qui nous tient captifs,  capable de   transporter notre imaginaire dans une autre époque,  dans une contrée lointaine pour suivre les traces d’un meurtrier dans la neige, dans l’âpre et redoutable  froid canadien.

Annie du B

 

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