Les ronces d'Antoine PIAZZA

Après "la route de Tassiga" que j'avais vraiment apprécié et dont j'ai rendu compte sur ce blog , j'ai eu envie de découvrir d'autres livres de cet auteur. J'ai été intriguée par le titre "Les ronces" et je me suis plongée dans ce livre dans la foulée. Cette lecture a confirmé l'impression laissée par la précédente  : à savoir qu'Antoine Piazza porte sur les hommes et leur environnement un regard de quasi anthropologue  et qu'il réalise au travers des deux ouvrages cités un travail de sociologue  même si, sans doute, il ne revendique pas ce "statut". Dans les deux livres, il s'appuie sur son expérience pour nous "présenter" une micro société. Ici, il s'agit d'un village perdu dans le haut Languedoc, pays de terres ingrates, de collines et de monts peuplés de rivières, de châtaigniers, de sangliers et de ronces. Pays en état de presque abandon dû au vieillissement de sa population,  à une agriculture en déshérence et à   l'exil des jeunes vers des contrées plus prometteuses.

Après son retour d'Afrique en 1960 (ref. la route de Tassiga) Antoine Piazza est nommé comme instituteur dans ce village inscrit en fin de liste sur les propositions de l'Education Nationale. Pendant 7 ans il va être ce "drôle" d'instituteur de l'école de la République, atypique, si peu conforme au modèle que l'on s'en fait dans ces villages où  la tradition  s'impose,  utilisant des méthodes si peu académiques en délaissant trop souvent, au goût des parents, les bancs de l'école pour partir explorer la campagne avec ses élèves.

C'est un récit d'observation sur un monde finissant dans lequel A.Piazza dresse quelques portraits saisissants -le maire entre autres, figure "active" qui s'escrime à dynamiser un village qui se meurt, replié sur son passé parce que sans avenir et une poignée d'enfants dont la plupart sont plus aptes à courir la campagne, à en connaître tous les "secrets" qu'à préparer le certificat d'études-.  C'est la description d'une société rurale ancrée dans "sa" terre depuis toujours, avec ses histoires, ses humeurs, ses anecdotes cocasses parfois, ses vies simples toujours, ses paysages si peu domestiqués variant au fil des saisons, ses espaces où l'oeil se perd et  aussi   ses quelques enfants,  seuls dépositaires d'un futur qu'ils iront sans doute chercher ailleurs. Antoine Piazza peint tout cela dans un style élégant, juste, lucide, vivant et coloré. Grâce à la finesse de sa plume, la précision de son regard et de son écriture on se sent au plus près de la vie de tous ces hommes et enfants qu'il nous fait partager. Un livre dans lequel les paysages, la nature sauvage de ces contrées un peu oubliées est une toile de fond et l'humain  la matière première ; une matière travaillée avec beaucoup de talent et de respect.

Annie du B

Comments

[mijotraclet]

J'ai également lu ce livre mais j'ai été déçu. Trop pessimiste à mon avis et une vision un peu trop stéréotypée. J'espère tout simplement que ce village a évolué dans le bon sens..