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L'Antre des mots
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22 août 2010

D'où je suis je vois la lune de Maud LETHIELLEUX

d_o__je_suis

 

Moon, la narratrice, est une jeune fille de 19 ans. Elle vit dans la rue depuis 3 ans, dort dans son carton de frigidaire. Elle est accompagnée dans son parcours d’une petite chienne Comète. Elle porte un regard sur les associations humanitaires, la société, les codes de la rue, la vie quotidienne des S.D.F.. Certains veulent s’en sortir, y arrivent le temps d’une expérience, d’un rêve qui peine à devenir réalité, ils échouent et ils retrouvent le rythme des installations précaires. Elle, Moon, n’a pas cette ambition, elle vit au jour le jour et veut qu’on lui fiche la paix. Mais, un jour, quelques mois avant Noël, elle décide de se mobiliser pour offrir un cadeau original à son amoureux, Fidji, elle décide d’écrire, de lui écrire sa vie et de lui remettre un joli cahier le jour J.


C’est un magnifique roman.


Maud LETHIELLEUX y fait une description toute singulière des mots que j‘ai trouvée particulièrement belle. Je n’ai pas résisté à vous livrer cet extrait : « Je commence à utiliser des mots nouveaux… En fait, j’avais jamais pensé qu’un mot, ça fait plein de trucs en même temps. D’abord, ça dit quelque chose, ça explique une hypothèse, mais en plus ça fait un son, ou deux, ou trois, et des fois quand tu le mets à côté d’un autre, ça fait comme une chanson, c’est ce que j’appelle les mots amoureux, tu les mets à côté et ils s’additionnent pour donner de la beauté à celui d’à côté ou du sens. Ils donnent de l’existence à leur conjoint. Mais c’est comme tout, t’as aussi les égoïstes, ceux qui prennent toute la place, qui se la pètent. Ceux-là, laisse tombe, ils sont beaux mais ils servent à rien, ils disent rien de profond, ils font leurs intéressants pour que t’oublie les autres. T’as aussi les arnaqueurs, ceux qui font croire qu’ils sont nécessaires, super indispensables et à la fin tu t’aperçois qu’ils gâchent tout, c’est des lourdingues. Et puis, t’as des mots tout cons tout simples, t’en mets plein les uns après les autres, ils sont pas spécialement beaux, ils disent pas spécialement quelque chose, mais tous ensemble, mis bout à bout, ces petits trucs de rien, ils te font chialer tellement ils te font du bien. C’est ceux-là mes préférés, les mots de rien, les pions de la vie, les petits fous. »


Les mots sont un peu comme les êtres que compose notre société, non ?


D’ailleurs, à ce sujet, en parlant des hommes et des femmes, et de leurs regards sur les S.D.F., je vous livre ce passage qui me paraît en dire long sur notre société contemporaine : « Toute la journée, j’ai eu cette impression, j’ai vendu deux trois sourires en un tour de bras, et il m’est arrivé quelque chose de très rare : on m’a souri en retour. Mais pas comme d’habitude, pas avec la tristesse ou les yeux baissés ou le dégoût gêné, non. On m’a souri comme si j’étais un être humain. ».


Alors, gardons l’espoir, tout n’est peut-être pas perdu…

A LIRE ABSOLUMENT

Annie

 

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Commentaires
M
Merci Annie de m'avoir donné envie de lire cette auteure. Le livre que tu présentes ci-dessus n'était pas libre à la bibliothèque (et cela ne m'étonne pas!) alors j'ai pris son premier roman : "Dis oui, Ninon" : j'ai retrouvé la musique d'un style que j'affectionne particulièrement et que je situerais entre Barbara Constantine ("A Melie, sans Melo") et Marie-Sabine Roger "la tête en friche").
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