Copie Conforme
C'est l'histoire d'une rencontre entre un homme et une femme, dans un petit village italien du sud de la Toscane. L'homme est un écrivain anglais qui vient donner une conférence ; la femme, une galeriste française. C'est une histoire universelle, qui pourrait arriver à n'importe qui et n'importe où.
Dès la fin du film, je savais qu’il donnerait à penser. J’aime quand l’histoire, où il ne se passe pas grand-chose à première vue, vous taraude une partie de la soirée et même le lendemain. On y retrouve un couple (ou sa copie) conforme à bien d’autres dans leurs « chamailleries » qui peuvent paraître légères, insignifiantes, et pourtant… Ce sont ces prétextes que d’aucuns connaissent qui traduisent un malaise plus profond, la difficulté et l’usure de la vie à deux. Certains clichés bien « trempés » sur le caractère masculin et féminin révèlent plus de vérité qu’il n’y paraît.
Tout cela sur fond de polémiques par le biais d’une discussion sur l’art. La copie vaut-elle l’original et qu’est-ce que l’original (le modèle lui-même) ? Quelle en est sa valeur ? Est-ce le regard que l’on pose sur celle-ci qui en fait le prix ou tout autre élément d’appréciation ?
Si je transpose cette réflexion au niveau de ce couple on remarque qu’effectivement le personnage de Juliette Binoche désire vivre une vie de couple conforme socialement (le mariage, un homme qui vous protège, pour lequel vous vous faites belle etc…) alors que William Shimel aspire à l’original, c’est-à-dire lui-même, égocentré, naturel, sans fard, sans composition...
Abbas Kiarostami vient nous rappeler –me semble-t-il- que, quand le couple imaginaire que chacun s’est créé rencontre la réalité, la déception peut-être grande et dévastatrice si l’intelligence émotionnelle et rationnelle des protagonistes ne se met pas aux commandes.
Il renforce, son message, par l’ambiguïté qui persiste de savoir s’il s’agit d’un vrai ou d’un faux couple. Réel ou imaginaire. Original ou copie conforme ?
A voir pour les deux acteurs remarquables et les prolongations inévitables.
Brigitte.