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L'Antre des mots
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5 juin 2010

Le ciel des chevaux de Dominique Mainard

Le Ciel des chevaux

Lorsque la rumeur commence à se propager dans la ville, elle parvient tout naturellement aux oreilles de Lena. On murmure qu'un jeune homme, presque un adolescent, hante le parc voisin, racontant des histoires aux enfants venus y jouer. Il est revenu... lui dont elle n'a jamais parlé à quiconque, l'homme qui a partagé ses jeux d'enfant... son frère. La seule personne qu'elle informe de cette réapparition est sa mère avec laquelle elle ne communiquait plus depuis des années. Depuis la mort de son père. Depuis le jour où son frère a disparu...
Aujourd'hui, Lena est mariée à un homme qui ne sait rien de sa vie passée et dont elle a un petit garçon. Pour autant, elle ne cesse de penser à l'adolescent qui a élu domicile dans le parc et ne peut s'empêcher, à l'insu de tous, de partir à sa rencontre...

Mon avis :

C’est une histoire touchante qui peut être celle de beaucoup de Léna qui, un jour, abandonnent tout pour leur combat.

En effet, malgré l’amour qu’elle éprouve pour son mari et la tendresse de son adorable petit garçon, Léna est envahie par l’idée de retrouver son frère tant aimé.

Sa vie au passé déjà difficile est chamboulée, les  souvenirs  ressurgissent.

C’est dans un climat mystérieux truffé de secrets, de non-dits, de mensonges que nous vivons, le cœur battant, le combat de Léna.

Un beau récit où se marient tendresse mais aussi détresse qui interpelle sur la force des liens d’une fratrie.

Elise

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Commentaires
A
Cette femme, Lena, a fait de son mieux pour construire sa vie qu’elle partage avec Adem, son mari, gardien de nuit dans un hôtel, Mélin, son fils, et apporter son soutien à plus faible qu’elle, Carmine, peintre souffrant de cécité. Mais, cette vie, à bien y regarder, est fragile comme le cristal. Il suffit de la rumeur de la présence d’un marginal dans le parc voisin pour croire, dur comme fer, qu’il s’agit de son petit frère. Il a toujours été différent des autres enfants (l’auteure ne nous en dit pas beaucoup plus), Lena, de 7 ans son aînée, lui a porté une attention toute particulière, à la limite de le passion, jusqu’au jour où leur père décède et ce petit frère disparaît, la laissant dans un chagrin insurmontable. Tellement insurmontable qu’elle ne pourra jamais se libérer de ce secret, même avec les êtres qui lui sont les plus chers.<br /> <br /> <br /> <br /> A l’image du texte figurant en 4ème de couverture où les points de suspension sont omniprésents, ce roman est suggestif et s’exonère de tous détails superflus. Dominique Mainard nous livre un récit poétique, sombrant dans l’imaginaire avec quelques sursauts de réalités qui laissent le lecteur imaginer ce qu’il souhaite pour en faire son histoire à lui. <br /> <br /> <br /> <br /> La souffrance endurée chaque jour par cette femme, assaillie par le poids du secret, la fragilité engendrée et celle de tout ce qu’a construit cette femme depuis sa plus tendre enfance, m’ont profondément bouleversée. <br /> <br /> <br /> <br /> J’ai beaucoup aimé la plume de l’auteure et les mots mis sur des comportements échappant à la raison, ce rapport à la différence, à la maladie psychiatrique, à ces moments de rupture avec notre monde. Je vous livre cette citation : « Tu m’as souri, et dans ce sourire qui n’était ni fou ni grimaçant, ce sourire qui n’était pas né dans quelque endroit enfiévré et délirant de ton esprit, pour la première fois il m’a semblé vraiment te voir, comme si tu avais cessé de m’apprendre à travers la lentille d’une lorgnette ou dans l’une de ces boules de cristal où surgissent le passé et l’avenir. Cela n’a duré qu’une fraction de seconde, mais c’était suffisant pour que je sache que jamais cela ne s’évanouirait ; dans la chambre de cette maison un petit garçon dormait, une fillette aux longues nattes brunes et aux épaisses lunettes regardaient rêveusement par la fenêtre et rien, jamais, ne pourrait effacer cela. »<br /> <br /> <br /> <br /> J’ai d’ailleurs fait quelques recherches depuis car cette prose m’intriguait. <br /> <br /> <br /> <br /> Le premier indice reposait sur la dédicace de l’écrivaine à une certaine Janet Frame : « Parfois ils songent qu’il est peut-être en train de perdre la raison, quand ils le voient s’agenouiller et presser sa joue contre la peau de la terre. », texte extrait de l’œuvre de cette femme néo-zélandaise « Un jardin aveugle ». En y regardant de plus près, j’ai découvert que Janet Frame avait particulièrement souffert pendant son adolescence, internée pendant 8 années, diagnostiquée schizophrène. Et pour les cinéphiles, vous vous souviendrez sûrement que le film de Jane Campion « Un ange à ma table » lui était dédié et a permis de la révéler au grand public. <br /> <br /> <br /> <br /> Je souhaitais découvrir le lien unissant ces deux femmes, Janet Frame et Dominique Mainard. Grâce à la lecture de quelques critiques littéraires, j’ai découvert que Dominique Mainard n’était autre que la traductrice de l’œuvre de Janet Frame, de quoi l’inspirer pour l’écriture d’un livre comme « Le ciel des chevaux ».<br /> <br /> <br /> <br /> Petit clin d’œil à son éditrice, Joëlle Losfeld, rencontrée à Angers très récemment pour la remise du prix InterCE DACC à l’œuvre de Sebastian Barry « Le testament caché ».<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne pouvais décemment pas vous laisser sans une petite citation pour vous permettre d’apprécier la qualité poétique de ce récit : « Si tu étais un arbre, tu serais un arbre qui monte jusqu’au ciel et tu serais plein de nids ; je ne savais pas encore que les feuilles des mûriers nourrissent les vers dont la soie donne les plus belles robes, car j’aurais sûrement fait de toi un arbre drapé de tissus précieux comme une princesse le jour de ses noces, décoré de milliers de cocons pareils à des clochettes d’argent. »
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