La diagonale du vide
Marc Travenne, designer de talent et homme d’affaires, mène une vie agitée. Persuadé qu’il est «passé à côté de sa propre histoire », il décide de tout arrêter, part sur les routes et se retire dans un gîte perdu, dans une région d’Ardèche battue par les vents. Bientôt, une randonneuse énigmatique vient troubler sa solitude. Elle marche, depuis des jours, le long de ce que les géographes appellent la «diagonale du vide », cette étroite bande de territoire qui partage la France des Landes aux Ardennes et sur laquelle la densité de population est faible et les zones sauvages nombreuses.
Travenne va suivre et poursuivre cette aventurière qui, avant d’être enlevée sous ses yeux, a le temps de lui livrer une part de son secret. De rencontres en révélations, Travenne va voir sa vie basculer, découvrant que la diagonale des solitudes traverse aussi l’Afghanistan ou New York.
Mon avis
Cette diagonale est un outil d’introspection pour Marc Travenne : « Dans le gîte d’Ardèche, elle avait pris le temps de m’expliquer ce que les géographes appellent, en France, la Diagonale du vide et je finissais par me demander s’il n’existait pas, dans ma vie, comme dans celle de chaque individu, une diagonale analogue, large bande de solitude et d’abandon où les sensations sont atténuées, les événements absents. Comme si les temps forts, les aventures, les grandes et les petites passions avaient toujours lieu ailleurs, au loin, dans quelque Afghanistan mental, dans le roman de la vie des autres, dans un passé aboli ou un dans un futur menaçant. »
Les deux principaux personnages du roman se retrouvent sur cette bande de terre après un choc, M. Travenne, un deuil, Marion après un traumatisme que je ne peux révéler puisqu’il constitue la pierre angulaire entre le reste du monde et ce « recours à la diagonale du vide ». Véritable lieu où chacun va fuir un monde « détestable » pour mieux se retrouver, tel un mouvement de repli sur soi.
Pierre Peju utilise judicieusement le contexte géographique qui rend les descriptions inhérentes aux états d’âme des personnages. Le suspens est réel, le dénouement inattendu et non-conformiste. Un roman agréable dont j’aurai bien prolongé la lecture après la dernière page.
Merci à Marie-Madeleine